Philosophie ♛ Introduction » ★ Qu'est-ce qu'une table ? ★ Qu'est-ce que la philosophie ? ★ La naissance de la philosophie ★ Dans quel contexte la philosophie va-t-elle s'imposer ? ★ L'opposition Μυθος / Λογος ★ Les schèmes ★ Les règles du mythe ★ L'objectif des premiers philosophes

Pour répondre à la question "Qu'est-ce qu'une table ?", il y a plusieurs réponses possibles. Ces réponses divergent selon la vision qu'on a de la table et surtout des critères sur lesquels on se repose. Le but est d'examiner le cheminement des philosophes à travers la philosophie et l'histoire, de se poser la question "Comment les philosophes se sont-ils posé des questions et comment ont-ils tenté d'y apporter des réponses ?"
- C'est un support pour écrire => Fonction/finalité Platon
- C'est un support de travail => Fonction/finalité Platon
- C'est une planche avec 4 pieds => composition/apparence Composition : Aristote diffusa l'idée des parties "On peut comprendre quelque chose en analysant ses parties constituantes" Apparence : L'empirisme, développé en Angleterre aux 17ème et 18ème siècles dit par la voix de ses philosophes "Tout ce que nous connaissons du monde est son apparence". Les sophistes, quant à eux, tiennent ce discours "Des choses, nous ne connaissons que l'apparence"
- C'est un solide servant de plan de travail => espace/finalité Espace : Descartes dit "Tout objet se définit par l'espace qu'il occupe"
- C'est un meuble => catégorie Aristote exprima sa motivation à classifier les objets
- C'est une séparation prof/élève => fonction symbolique Platon

Tout cela pour dire que la philosophie ne saurait avoir une seule définition, à l'image de la table, car une définition correspond à un philosophe.

Philosophie ♛ Introduction » ★ Qu'est-ce qu'une table ? ★ Qu'est-ce que la philosophie ? ★ La naissance de la philosophie ★ Dans quel contexte la philosophie va-t-elle s'imposer ? ★ L'opposition Μυθος / Λογος ★ Les schèmes ★ Les règles du mythe ★ L'objectif des premiers philosophes définition plurivoque ♛ concept ♛ langue philosophique contexte historico-culturel ♛ évolution Philosophie : discipline théorique qui règle des questions générales grâce à des concepts pour porter un nouveau regard sur le monde Concept : idée, notion générale qui va désigner d'un trait commun une pluralité d'éléments.

Il n'y a pas de définition univoque de la philosophie. Cette définition est donc plurivoque. Mais la philosophie a quelques grands traits généraux. C'est une discipline qui traite de problèmes d'une grande généralité, dont certains sujets sont plus souvent traités. La philosophie n'apporte pas de réponses à retombées immédiates. Elle dispose de certains instruments qui permettent de répondre à ces problèmes, à ces sujets. L'instrument par excellence de la philosophie est le concept.
Concept : idée, notion générale qui va désigner d'un trait commun une pluralité d'éléments.
Les concepts apparaissent avec l'histoire de la philosophie et sont créés par les philosophes. Par exemple, Platon aura pour concept l'idée, Aristote la substance et Descartes le cogito. Un concept n'a pas de référence, il ne renvoie pas à un objet déterminé. Il n'est pas l'image d'une chose du monde qui nous entoure. Les concepts permettent aux philosophes de modifier son regard, de découvrir des objets ou de nouveaux aspects du monde.
Possibilité de définition de la philosophie : La philosophie est une discipline théorique qui règle des questions générales grâce à des concepts pour porter un nouveau regard sur le monde.
Les concepts s'agencent les uns avec les autres pour aboutir à la langue philosophique. Un grand philosophe crée des concepts qu'il met en relation avec d'autres concepts. Il faut alors repenser la place des concepts et modifier la cohérence des éléments existants car le philosophe peaufine sa propre langue philosophique. Pour le comprendre, il faut adopter et parler sa langue, sa philosophie, ses concepts.
Le concepts que le philosophe crée dépend de son contexte (culturel, historique et géographique) mais il peut être réutilisé ailleurs car les concepts peuvent évoluer.

Comprendre la philosophie implique donc de comprendre comment la philosophie et les philosophes ont évolué au cours de l'histoire.
De ce fait, il n'y a pas de définition de la philosophie, une définition correspondant à un philosophe car ils ont tous une expérience tout à fait différente de la philosophie. Ainsi, il est impossible de tracer l'histoire de la philosophie en n'étudiant que les gens qui se sont dits "philosophes". Pour étudier la philosophie, il faut étudier l'histoire de la philosophie et son évolution.

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On raconte que Pythagore est l'inventeur du mot "philosophie". Pour cela, il compare la vie aux panégyries (fêtes où toutes les cités grecques se rassemblaient). Dans ces fêtes, il y a 3 catégories de personnes :
- Les gens qui viennent pour la victoire. Ils recherchent la gloire, ils veulent faire ses démonstrations de forces, de qualité.
- Les gens qui viennent pour le commerce, pour l'argent. Ils cherchent à s'enrichir, à faire du profit matériel.
- Les gens qui viennent pour visiter, pour assister aux démonstrations. Ils cherchent à être témoins de ce qui se passe, ils recherchent le profit spirituel.
Pythagore appelait ces derniers les "philosophes". Selon lui, les philosophes n'étaient pas des sages, mais bien des personnages ordinaires qui aimaient contempler l'exploit et le savoir des autres.
Par cette anecdote, Pythagore voulait faire savoir que les philosophes n'étaient pas des sages. En effet, si nous examinons les origines du mot "Philosophie" d'un peu plus près, nous constatons qu'il se compose de deux racines grecques : φιλειν et σοφια.
Donc, le philosophe désire le savoir et tend vers ce savoir, il aime la sagesse et tente de progresser dans cette voie. Le verbe "philosopher" signifie s'adonner à une pratique philosophique, de savoir. La philosophie est une aspiration continue, un mouvement, vers un savoir théorique général. Mais le philosophe ne possède jamais ce savoir, il décide lui-même de ne pas le posséder et cela lui permet de garder une attitude critique.

Le premier philosophe qui va tenter de définir la philosophie est Platon (philosophe grec du 4e siècle ACN). Il va essayer de donner sa définition de la philosophie et va constater qu'il n'existe pas de définition générale. Beaucoup d'obstacles vont l'en empêcher. Ces obstacles sont les idées reçues, comme par exemple le fait qu'on confonde le philosophe avec le sophiste et le politique.
Actuellement, les philosophes sont confondu avec des essayistes et les journalistes.

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La philosophie apparait dans un contexte dominé par le mythe. Elle a besoin du langage, du langage argumenté, rationnel.
La philosophie est née en Grèce à la fin de la période archaïque. Elle apparait dans la période d'Homère et d'Hésiode. Les épopées d'Homère sont un fond culturel à toute la civilisation grecque et donnent les prémisses de l'histoire grecque, ainsi qu'un certain nombre de croyances. A Hésiode, on lui attribue une théogonie. Ainsi, les première explications du monde vont avoir la forme du mythe. On fait intervenir les dieux pour expliquer comment le monde est créé et régi.
Ces deux textes sont des éléments utiles à partir du 19ème siècle pour comprendre une civilisation étrangère dont la culture est basée sur le mythe. Levi-Strauss, un anthropologue, a mis à jour certaines caractéristiques du mythe :
- Immoralité des mythes : les mythes sont des histoires immorales où les dieux s'adonnent à tous les excès : vol, tromperie, infidélité,... On attribue aux Dieux des vices humains, on les compare avec les hommes.
- Irrationalité, absurdité, dimension imaginaire du mythe : le mythe est une histoire imaginaire pour séduire un public, pour se divertir. Pour cela, on ajoute du sexe, de la violence, de l'émotion,...
- Maniabilité du mythe dû à sa transmission orale : il n'y avait pas d'écriture pour fixer les mythes qui évoluent alors selon les cités, les contextes. On insiste plus un un épisode, sur un personnage. Tout cela dans le but de satisfaire les attentes du public.
Avec l'abandon de la tradition orale, quand on va commencer à écrire, ces récits mythiques vont passer au second plan et on commence à distinguer le λογος et le μυθος.
On voit donc apparaitre une nouvelle conception du monde puisque ces deux mots s'opposent littéralement et on voit apparaitre le μυθος avec rationalité, à savoir la philosophie, la médecine, les mathématiques,...

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Le λογος va s'opposer au μυθος.
- Le λογος est guidé par un idéal de vérité, de véracité et de moralité. Le λογος, c'est le langage qui sert à dire le vrai et le bien. Mais on utilise quand même encore l'émotion.
- La dimension rationnelle du λογος : le λογος, c'est le langage qui sert à argumenter. Le λογος va plutôt faire appel à la raison qu'aux passions et, au lieu d'établir l'imaginaire, on utilise une méthode classique. Le λογος se fixe pour exigence la cohérence et la rigueur.
- Caractère stable et son universalité : à partir du moment où le λογος est écrit, il devient un enseignement stable. Le λογος est accessible à tout le monde, il ne faut plus avoir des talents d'orateur pour raconter quelque chose. Le logos créer une discussion, fait relire des passages,... Il peut ainsi y avoir une confrontation des points de vue. Chacun pourra faire valoir son avis, ses arguments et prendre part à un débat.

L'opposition va être faite par les philosophes, mais aussi par des critiques du mythe :
- Xénophane : il est le premier à faire une critique du mythe. Le mythe est basé sur leur anthropomorphisme. Xénophane ne critique pas le fait qu'il y ait des dieux, mais qu'il est absurde, voir injurieux, d'attribuer aux Dieux des comportements humains. Il faut renoncer à cela pour fonder une théologie rationnelle (non pas pour balayer une religion). Il faut trouver le concept des dieux.
- Thucydide : il considère que les récits mythiques exploitent la crédibilité humaine et la faiblesse de la mémoire. Lui, il estime qu'il faut raconter les faits tels qu'ils se sont passés, sans rajouter, sans rendre plus beau,... Il va s'efforcer de se documenter, d'utiliser des témoignages de confiances, de se rendre sur les lieux, d'avoir des preuves. Cette recherche de véracité va le rendre méfiant du passé lointain (mythes, poèmes d'Homère,...). Thucydide écrit sur des évènements dont il est contemporain, dont il peut encore trouver des témoignages. Il met en avant le problème des sources et des témoignages indirects. Les mythes ont un caractère douteux car leur objectif n'est pas la véracité, mais l'émotion.
- Platon : dans la République, il constate que les mythes traditionnels ont une influence considérable sur l'éducation et la formation des jeunes gens et sur leur esprit (maniabilité de l'esprit lors de l'enfance,...). A force de répéter quelque chose à un enfant, cet enfant va garder des "séquelles" de ces récits. Les mythes ont un effet néfaste car ils enflamment la partie de l'âme qui est le siège des passions. Il reproche aussi aux mythes leur contradiction interne (irrationalité).

Le mythe est, à l'époque de ces philosophes, très discrédité. Mais, même s'il est discrédité, il ne va pas être abandonné. Dans la recherche d'une explication du monde, certains philosophes vont recourir au mythe. Par exemple :
- Parménide décrit le chemin pour arriver à la vérité en utilisant le mythe.
- Platon non plus n'hésite pas à recourir au mythe quand il veut développer des idées impossibles à développer par le λογος.
Pour expliquer certains phénomènes, il faut utiliser le mythe. Le mythe va permettre de mieux faire comprendre certains éléments de la philosophie.
A l'époque classique, la rupture λογος/μυθος est marquée, mais n'est pas encore définitive.

Le mythe n'est pas une forme de pensée dépourvue de rationalité. Et cette forme de rationalité sous-jacente au mythe va permettre la naissance de la philosophie.

Il y a donc distinction entre le récit et la pensée rationnelle.
Il est possible, dans le μυθος, d'expliquer certaines choses.
Le mythe est, déjà par lui-même, une forme de rationalité et annonce la philosophie.

Quelle est la forme de cette rationalité ?
Chez les grecs, la nature ne serait pas un ensemble de phénomènes physiques, mais ils sont l'expression de la volonté des dieux. Ces signes sont considérés comme capricieux. Rien n'expliquait l'orage, sauf la colère de Zeus. Si les volcans entraient en éruption, c'était à cause d'Héphaïstos. Les tempêtes en mer avaient lieu à cause de Poséidon et les vents à cause d'Eole.

Ce système mythologique apparait aussi comme un système classificateur. Cela permet de distinguer les pouvoirs des différents dieux. A chaque phénomène est associé un dieu.

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Les schèmes sont à l'origine des mythes. Il y a deux schèmes :
1. Le schème de la parenté : l'ordre qui est celui du cosmos et celui de l'univers est essentiellement fondé sur la généalogie et la parenté des dieux. Expliquer un phénomène naturel revient à expliquer l'origine des dieux et les relation qu'il y a entre eux.

Théogonie d'Hésiode : Au départ, il y avait le chaos. La première déesse va apparaitre : Gaïa. Gaïa enfante alors un autre dieu : Ouranos (le ciel). Elle en devient également son épouse. Le ciel et la terre sont alors collés l'un à l'autre. De l'union permanente de Gaïa et Ouranos vont naitre les Titans (dont Chronos et Rhéa). Gaïa donne alors une faucille à Chronos qui fait en sorte que le ciel et la terre se séparent. Chronos devient dès lors le "chef des Titans" et il épouse Rhéa. Ensemble, ils vont engendrer les dieux olympiens. Chronos, ne souhaitant pas partager le pouvoir, avale ses enfants. Rhéa décide alors de cacher Zeus sous une brebis et fait avaler à Chronos une grosse pierre. Zeus, ayant grandi, fait avaler à son père un vomitif et Chronos vomit ses enfants. Zeus prend alors la tête des dieux olympiens et entre en guerre contre Chronos. Les Olympiens gagnent. Les hommes vivent sous le "règne" de Zeus. Les hommes sont issus de Gaïa.

L'origine du monde est fait de mariage, de violence. On va donc voir apparaitre une hiérarchie des dieux, et comme les dieux contrôlent les phénomènes naturels, on va voir apparaitre une hiérarchie entre les phénomènes naturels.

2. Le schème de la violence : les mythes recèlent d'actes de guerres, de violence. Ces scènes visent à faire comprendre le partage des pouvoirs des dieux (olympiens ou titans), mais aussi une répartition des compétences (Zeus est là pour gérer le monde, il ne peut donc pas tout gérer. Déméter est là pour les moissons, Poséidon pour les phénomènes marins, Hadès pour les morts). Cela sert aussi à expliquer que dans le monde des humains, un homme ne peut être tout puissant. Il ne peut et gérer et s'occuper des moissons et être artisan,... Comprendre comment sont les relations entre les dieux permet de comprendre l'ordre social de la société grecque.

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Tout cela nous montre l'organisation du monde tel qu'on le perçoit. Cet ordre est personnifié selon les dieux. Le mythe est donc déjà une tentative d'explication du monde. Puisqu'il existe de la rationalité entre les différentes chaines, plutôt que d'être un obstacle à l'avènement de la philosophie, le mythe va permettre son apparition. Le λογος va supprimer ce qui est de l'ordre du récit.

Le mythe obéit à 4 règles :
1. Le mythe fractionne dans le temps son récit et il sépare des entités qui se trouvent ensemble dans le réel. Par ailleurs, il va renvoyer au passé des éléments qui se passent dans le présent.
2. L'ordre de succession se distingue des entités du réel selon leur rang et leur pouvoir. La succession permet d'établir la hiérarchie.
3. Il ne faut pas comprendre les naissances successives comme littérales. Si Hésiode utilise ce modèle de naissance,c 'est le seul moyen qu'il a d'expliquer l'apparition de phénomènes in-engendrés. C'est une manière d'expliquer les phénomènes inexplicables. Pour que quelque chose apparaisse, il faut qu'il y ait un père et une mère qui les engendre.
4. Le mythe va jouer sur une logique de l'ambivalence. Deux éléments opposés vont avoir quand même une partie en commun. Hésiode était berger et il dit avoir été inspiré par les Muses qui sont capables de raconter des fictions qui ont l'air d'être la réalité. Ce mythe est à la fois considéré comme une fiction, mais il ressemble à la réalité. Donc, le récit mythique est entre le vrai et le faux, il est à la fois vrai et faux. C'est une fonction du mythe.

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L'ordre du monde imposé par Zeus est un ordre en perpétuel déséquilibre, c'est un ordre toujours menacé. Il apparait comme un ensemble de force tantôt complémentaires, tantôt adverses. Les dieux (Ouranos, Gaïa, les Titans, Chaos) restent présents. Si le mythe permet de comprendre un certain ordre du monde, il montre aussi la menace du déséquilibre du monde. Il aide donc à maintenir une crainte par rapport au bouleversement du monde. Les premiers philosophes vont essayer de supprimer ce sentiment de crainte, sans pour autant bouleverser l'ordre et la croyance du monde.
La question que les premiers philosophes vont se poser est : "Quelle est la vision du monde"