Socrate n'a pas fondé d'école et n'a rien écrit. Il s'est plutôt entouré d'un cercle d'amis qui suit son enseignement, qui le suit dans ses déplacements. Parmi ce cercle d'amis, on retrouve les frères de Platon, Critias, l'oncle de Platon,... Cet enseignement se dispense surtout sur l'agora où Socrate entre en dialogue avec les gens se trouvant sur la place publique. Selon un discours de l'Apologie de Socrate, il aurait toujours procédé de la même façon : il interpelle, fait réfléchir, et fait prendre conscience que les avantages ne sont pas la richesse et les biens, mais les vertus et le perfectionnement de l'âme. Socrate réclame sa mission de son δαιμον qu'il prétend avoir reçu des dieux. Ce δαιμον l'inciterait à vérifier un témoignage qui viendrait de l'Oracle de Delphes d'après lequel nul n'aurait été plus savant que Socrate. Ce dernier se mettrait en tête de vérifier cette déclaration. Il interpelle alors des gens. Selon les réponses qu'il reçoit, il va critiquer ce que tous les gens croient. Par un jeu de question-réponse, il va arriver à une contradiction entre leurs coryances et ce qu'ils ont dit. Le but de cette méthode, appelée ελενκος, est de révéler à ses interlocuteurs leur propre ignorance, alors que ce sont des personnes qui se croient savantes dans leur domaine.
Avec cela, il parvient à confirme ce qu'avait dit l'Oracle de Delphes. Socrate ignore tout, mais il sait qu'il ne sait rien. Lui, ne prétend pas savoir ce que tout le monde ignore.
Cette méthode repose sur l'ironie. L'ironie de Socrate est méthodologique, c'est une ironie qui consiste à interroger, à mettre en question afin de souligner la futilité d'opinions trop vivement admises. Le procédé suit ce schéma :
- Socrate pose d'abord une question générale, il demande de définir une notion générale à une personne qui se dit savant. Cette personne est invitée à donner une définition universelle d'une notion universelle. Elle donner alors une réponse à laquelle Socrate acquiesce.
- Socrate demande de fournir d'avantage de précisions et d'avancer toujours plus loin dans ce qu'il prétend. L'interlocuteur s'emploie à approfondir sa réponse, de tester son universalité.
- Socrate demande de fournir encore d'avantage de précisions où l'interlocuteur finit par être mené dans des contradictions. Socrate les mène dans une aporie.
L'Hippias Majeur donne un exemple de ce procédé.
Hippias est un des sophistes contemporains de Socrate et de Platon. Il se vantait d'être un esprit encyclopédique et surtout, il avait mis un point une technique mnémotechnique. Il connaissait toutes les techniques théoriques et pratiques et prétendait avoir fait tout ses vêtements.
- Hippias, qu'est ce que le beau ?
- Le beau, c'est une belle jeune fille
Si on prend une jeune fille par rapport à une marmite, on préfère la jolie. La réponde qu'à donné Hippias a été relative. Il a répondu à la question par un exemple et non pas par une réponde universelle. Dans ce cas-là, il ramène le beau à sa dimension subjective.
- Le beau, c'est l'or
On est passé de critères physiques à des critères axiologiques. Joli, mais pas pratique, donc pas de valeur.
- Le beau, c'est la convenance
Ensuite, il passe à ce qui est pratique, mais les choses pratiques ne sont pas très belles.
- Le beau, c'est être adulé, être riche, être beau,...
Ca dépend d'un contexte social, culturel. Or, la richesse est subjective. Sa réponse est relative.
- Le beau, c'est l'utile
C'est-à-dire ce qu'on va pouvoir utiliser pour atteindre un objectif. Il y a deux problème à cette réponse : on peut utiliser un objet à une mauvaise fin et si l'utile, c'est ce qui sert à produire un bien, on se rapporte à un autre concept : le bien.
- Le beau, c'est l'utile auquel s'ajoute l'agréable pour les sens
Avec cette réponse, il reste encore un problème : tout ce qui est utile n'est pas perceptible par nos sens. De plus quelque chose peut être un plaisir pour nos sens, mais désagréable pour un autre.
Socrate recherche à ce qu'on lui dise quelque chose d'absolu, d'universel, qu'on lui donne un critère universel. Sa démarche est d'essayer d'arracher le caractère universel à partir de cas isolés.
Socrate, contrairement aux sophistes, préfère poster un constat d'ignorance par rapport aux hommes. Ce constat d'ignorance est le point de départ nécessaire à toute recherche de la vérité. Il y a une forme d'humilité nécessaire qui consiste à reconnaitre sa propre ignorance qui nous empêche de saisir l'objet que l'on recherche. il ne faut pas prétendre que nous sommes savant, il faut ébranler nos certitudes, sortir de notre
dogmatisme.
Il fonde toute sa démarche sur le "Connais-toi toi-même". Il faut commencer par savoir ce qu'on est, ce qu'on sait, ce qu'on peut faire. Il ne faut pas seulement nous connaitre nous-même en tant qu'individu, mais essayer de connaitre l'homme, de prendre conscience que notre âme est ce que nous avons de plus important. L'âme renferme la véritable science, qui est l'exigence du bien. Le bien n'est pas propre à chacun d'entre nous, c'est une sorte de transcendance qui permet aux hommes de vivre, de mener une existence correcte. il faut se frayer un chemin qui nous pousse à repousser toutes les opinions reçues.
Toute la philosophie de Socrate est basée sur cette recherche du bien pour atteindre la vertu. Ce qu'ont fait les anciens philosophes, c'est tenter de vérifier la nature qui est invérifiable, mais ils ont oubliés de prendre en compte de comportement moral de l'homme. Pour Socrate, seul compte le bien.
Il y a un lien entre le savoir et le bien. Nul ne commet de mal en le sachant : quand on commet une erreur, c'est parce qu'on ne sait pas.
Comment connaitre le bien ?En s'aidant de la raison, en tentant de découvrir la vérité universelle, débarrassée de toutes les illusions données par les idées reçues, on peut connaitre le bien.
Qu'est-ce que le bien ?Il n'y a pas de définition du bien, seules des qualités négatives sont décrites.
Le bien n'a rien de sensible, il ne varie pas avec les individus, ni avec les circonstances. Le bien n'est jamais parfaitement réalisé dans la vie. Le bien n'est qu'un concept, nous sommes dans l'ordre de la raison. C'est une morale formelle. Il n'y a pas de contenu. Il faut savoir ce qui n'est pas le bien afin de savoir éliminer toutes les mauvaises pistes qui ne sont pas correctes. Découvrir le bien, c'est s'élever du sensible vers quelque chose de conceptuel, de rationnel, d'universel. On est dans l'ordre de l'absolu.